Les années de guerre


Sur la route de l'exode - Les hommes de Rio - Terminus: New York - Des fonds pour la France libre - La filière du jasmin - Félix sauve les meubles - La presse antisémite se déchaîne - Interrogatoire à la Gestapo - Vichy ne volera pas les chevaux - Un câble du QG de Bradley

 

 Premières heures de mai 1940. Pierre Wertheimer et l'avionneur Félix Amiot ont rendez-vous avec Paul chez Wolf, un restaurant à Pacy-sur-Eure. A écouter Félix, ils trouvent «un Paul Wertheimer effondré, vieilli, presque méconnaissable». Il s'est réfugié avec les siens, «par crainte des bombardements», dans cet avant-poste de la Normandie. La famille de Pierre, elle, a été hébergée, ces dernières semaines, à la Boissière, le domaine d'Amiot, situé à Lévis- Saint-Nom, dans la vallée de Chevreuse. Ce jour-là, le constat est vite fait. Les stukas ont la maîtrise du ciel. Et, le 13 mai, les chars allemands traversent la Meuse. C'est foutu. «Devant les événements, note l'industriel, mes associés et amis décidèrent de partir pour Bordeaux.» Le lendemain, c'est le rassemblement général chez Pierre, au 55, avenue Foch. «Nous nous fîmes nos adieux. Pierre me pria d'aider à sauver ce qui était possible de ses biens. Et il me confia son fils, Jacques, qui était toujours mobilisé. Ils m'embrassèrent avec effusion.» Dans la cour, on charge les voitures.

 

 C'est en convoi que les Wertheimer prennent la route de l'exode. Paul aligne trois automobiles. Une imposante Chrysler C15. Et deux puissantes Hotchkiss: une 864 et une Paris-Nice. Pierre avance deux berlines. Une luxueuse Lagonda. Et une Renault Viva Grand Sport. Sous la mitraille, cette dernière les lâche presque tout de suite à Etampes - panne de démarreur. La série continue: à Limoges, c'est la Paris-Nice qui rend l'âme. A Bordeaux, toute la tribu s'installe à l'hôtel du Chapon fin. Il y a là Paul et Madeleine, avec leur fils, Antoine. Il y a Pierre et Germaine. Et puis Mathilde, leur mère. Et encore Régine, la veuve de l'oncle Jules Bollack, avec leur fils Raymond. Ouvert en 1800, le Chapon fin fait honneur à la région. De Toulouse-Lautrec à Sarah Bernhardt, d'Edouard VII à Alphonse XIII, de Poincaré à Clemenceau, le livre d'or a de la gueule. Jusqu'aux restrictions dictées par le décret du 18 juin 1940, on y mangera sacrément bien. Sous la verrière ou dans les salons particuliers, le «père Sicard» fait oublier «à [son] aimable clientèle» les malheurs de la patrie avec ses «écrevisses à la bordelaise», sa «noisette de chevreuil grand veneur» et son «pudding glacé avec ses fraises à l'orange».

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Wertheimer Frères.
Années 1940. Réfugiés à New York pendant la guerre, Paul et Pierre seront des gaullistes de la première heure.

 

Paul et Pierre Wertheimer retrouvent ici André Meyer, la future vedette de la banque Lazard à New York. «Au Chapon fin, commentera James de Coquet, chroniqueur au Figaro, on croise la plus extraordinaire chambrée que l'on puisse voir d'hommes politiques, d'ambassadeurs étrangers, de banquiers, de journalistes et de candidats à l'émigration en quête de visa.» La Lagonda sera abandonnée à Talence, à la pointe sud de Bordeaux. La Chrysler C15 et la 864 sont délaissées au cœur de la ville. Voilà le clan Wertheimer à la gare Saint-Jean. Ils arrivent à monter dans un train pour Irun, en Espagne. Enfin, presque tous. Dans ce chaos, Raymond Bollack, qui, lui, reste en France, a la mauvaise surprise de constater que Pierre et Paul ont
«oublié [sa] mère sur le quai».


C'est à Rio qu'on les récupère. A Rio, où ils respirent enfin. Pour fuir l'Europe, ils ont bénéficié d'un visa brésilien obtenu grâce à Linneo de Paula Machado. Un ami de longue date. Cet héritier d'une grande lignée - il est ici président du Jockey Club - et les Wertheimer n'ont pas que la passion des chevaux en commun. Paul et Linneo se sont connus une vie plus tôt, à HEC. Quand Paul «fumait et bavardait dans l'amphithéâtre», Linneo, lui, «emportait l'estime et l'affection de tous ses maîtres». A la fin de juillet, les deux frères se rendent au consulat américain de Rio pour prendre les visas. Le 24, Pierre et Germaine embarquent sur le SS Argentina et, après une escale à Trinidad, touchent New York le 5 août. Le 7 août, Paul, Madeleine, Antoine et Mathilde quittent à leur tour les Cariocas sur le SS Brazil et débarquent à New York le 19 août. A la sortie des docks, un major de la Garde nationale est là pour les accueillir: Bernard M. Douglas, le président de la Bourjois Inc.


A Manhattan, chacun prend ses marques. Paul emménage au 35 West 76th Street. Pierre au 784 Park Avenue. Bientôt, ils retrouveront leurs proches. Jules et René Fribourg ont transité par Saint-Domingue. Les Wildenstein sont arrivés directement de Lisbonne. André Meyer a décollé du port d'Estoril, à bord d'un hydravion de la PanAm. Et, le 21 novembre 1940, Jacques Wertheimer apparaît. Félix Amiot a tenu parole. Avec le général Lahoulle, il a démarché le secrétaire d'Etat à l'Aviation, le général Bertrand Pujo. Qui a fait muter et démobiliser «le Petit» à Clermont-Ferrand. Ensuite, Félix lui a procuré de l'argent et des papiers de sortie. Et, à Lisbonne, le fils de Pierre a embarqué à bord du SS Excalibur...


Cette année-là, à New York, le pétainisme se porte bien dans la colonie française. Les Wertheimer, eux, affichent leurs convictions gaullistes. Un industriel de Philadelphie, Eugène Houdry, un médecin de Manhattan, Albert Simard, et un professeur de Columbia, Fred Hoffer, fondent la très active association France Forever avec le soutien de l'historien de l'art Henri Focillon… et de Paul Wertheimer. En mai 1941, en route vers New York, à San Juan (Porto Rico), Claude Lévi-Strauss partage un hôtel austère et son destin avec l'atomiste Bertrand Goldschmidt: «Il m'expliqua le principe de la bombe et me révéla que les principaux pays étaient engagés dans une course scientifique qui garantirait la victoire à celui qui se classerait premier.» C'est à cette fin que le biochimiste Louis Rapkine a orchestré la fuite de France de 25 chercheurs - Lévi-Strauss et Goldschmidt inclus. «C'est grâce à des dons de la famille Wertheimer et de la famille Edouard de Rothschild, insiste Rapkine, que j'ai pu payer leurs billets de bateau.» Et cet enthousiasme ne faiblira jamais. Le 10 avril 1943, au 330 West 42th Street, l'avocat Henri Torrès et le capitaine Pierre Dreyfus, fils de l'autre, réunissent les instances du Jewish War Effort afin de lever des fonds pour le Comité de la France libre: une fois encore, Paul répond présent.

 En 1942, un parfum baptisé Courage signé Bourjois sort d'une usine logée à Hoboken. Dès son arrivée aux Etats-Unis, Pierre Wertheimer avait contacté Arnold van Ameringen, président du Syndicat des parfumeurs et petit ami d'Estelle Lauter, dite Estée Lauder. L'Américain l'a alors aidé à financer son usine et à investir dans une vaste campagne de pub pour promouvoir le N° 5. Quoi? On fabrique du N° 5 dans le New Jersey? Oui. Mais le jasmin de Grasse, avec ses 80 pics d'aldéhydes, n'est-il pas unique au monde? Si. Mais on l'a fait venir et stocké en quantité: «Les exploits que l'émissaire de Pierre et Paul a accomplis étaient dignes de James Bond, racontera Claude Lewy, avocat des Wertheimer et ex-maire d'Orléans. Il lui a fallu importer de l'or presque clandestinement en France. Puis sortir le concentré de jasmin de Grasse et le faire entrer - sans se faire remarquer - aux Etats-Unis.» Cette filière va fonctionner jusqu'à l'entrée en guerre des Yankees, en décembre 1941, et c'est Gregory Thomas - futur patron de la Chanel Inc. - qui s'en chargera.

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New York. 1941. Pierre charge son fondé de pouvoir et ami de mener à bien la vente fictive de Bourjois et de Chanel.

 

«Nous tous en bonne santé - Stop - Adresse Vichy 46 rue Maréchal Pétain - Stop - Bien affectueusement à votre maman et à vous tous - Stop - Félix.» Dès le 22 août 1940, les premières nouvelles sont parvenues à New York. Un câble a priori réconfortant. En France, pourtant, les événements se bousculent. Ces dernières semaines, Félix Amiot n'a pas chômé: le 3 juin, les ateliers du Bourget et l'usine de Colombes ont été bombardés, 19 morts. Le 5, c'est le tour de Cherbourg. Le 10, sur ordre du gouvernement, il faut évacuer le matériel, les salariés et leurs familles: 3 000 personnes en cavale vers le sud. A Bordeaux, Félix parvient à décrocher une avance de 3 millions de francs du ministère de l'Air. Puis il reçoit l'ordre de faire remonter le personnel sur Paris. «Mais j'ai réussi à soustraire le bureau d'études et à le maintenir en zone libre», précise-t-il. L'avionneur installera son siège administratif à Vichy. «C'est là que vint me trouver Marcel Ceccaldi, avocat et ami de MM. Wertheimer. Il me signale les premières escarmouches avec les autorités allemandes à propos de Chanel…»


De fait, la mise à l'écart des juifs n'a pas tardé. Déjà, Félix Amiot a dû se livrer dans l'aéronautique à une admirable embrouille. Pour éviter de voir débarquer un administrateur nommé par Vichy - aux fins d'aryaniser leur entreprise - il a antidaté et maquillé les procès-verbaux du conseil d'administration. Par la grâce du Saint-Esprit, à partir de mai 1940, toute présence de Pierre et Paul dans le capital de la société a «officiellement» disparu. A Vichy, Me Ceccaldi demande à Félix d'en faire autant pour la maison Bourjois. C'est d'accord. Allons-y. Sous le contrôle de l'administrateur nommé en octobre 1940, Félix Amiot se porte acquéreur et Georges Petit-Barral, fondé de pouvoir et ami de Pierre Wertheimer, procède à la vente fictive. Elle sera remise en question par les Allemands. Cette fois-ci, le Reich et Vichy exigent les preuves de l'aryanisation. Et, cette fois-ci, il faut payer.


Félix doit reprendre le passif et débourser 55 millions de francs. L'artiste se met au travail. Et d'un: il déduit de ce total 3 millions que les Wertheimer sont censés lui «devoir» depuis la vente, en 1929, de leur société aéronautique. Et de deux: il pompe allègrement les lignes de crédit de cette société. Et de trois: il encaisse en passant les 2 petits millions que les frères lui font remettre. Et de quatre: il convainc les banquiers historiques des Wertheimer - Crédit suisse et Crédit commercial de France - de le suivre. Restent quelques «formalités». Le 3 février 1941, Pierre écrit à son «cher Georges» (Petit-Barral): «Sous pli séparé, je t'envoie par avion et recommandé le pouvoir signé par Paul et par moi. Agréable besogne! Ce pouvoir, ainsi que tu le comprends, doit être employé pour vente à Félix seulement. Tu pourras remplir la date et le lieu de création et faire, si nécessaire, légaliser nos signatures au commissariat de police.» Et il ajoute: «Nous sommes tous en bonne santé physique. Le moral est moins bon. Maman et Paul me chargent de toutes leurs amitiés pour toi. Je t'embrasse. Pierre.»


L'affaire semble conclue. Mais, le 3 avril 1941, Félix est convoqué avenue Kléber, à l'hôtel Majestic, siège du commandement militaire allemand. L'ingénieur Sturm attaque bille en tête: «Vous avez acheté la parfumerie Bourjois et les actions Chanel. C'est une vente de complaisance. Les Wertheimer sont vos amis et aussi vos associés. Vous êtes leur prête-nom. Tout cela est naïf et dangereux pour vous.» Félix proteste. Pendant des semaines, il doit subir un bataillon de contrôleurs, qui exigent des réponses et des justificatifs. Au bout du compte, il les enfume. Et parvient à éloigner les menaces d'absorption d'un concurrent: le Groupe allemand des alcools. Mais les ennuis continuent. Ce coup-là, ils proviennent de Georges Madoux, administrateur provisoire nommé par Vichy pour vérifier que l'aryanisation de Chanel est bien réelle. Sa conclusion tombe: «Je suis amené à croire que les allégations de M. Amiot sont tout à fait fausses. La société des Parfums Chanel est encore une société juive.» Et, maintenant, voilà Coco en personne qui sort du bois. Dans une lettre adressée à Madoux le 5 mai 1941, elle y va de bon cœur: «Je me porte acquéreur de la totalité des actions Parfums Chanel qui […] sont encore la propriété de juifs et que vous avez pour mission de céder ou faire céder à des sujets aryens.» Elle et l'administrateur provisoire s'apprécient. Ils se connaissent de longue date. Avant guerre, il était directeur commercial des Parfums Chanel et directeur de la haute couture chez Coco. Comment Félix va-t-il pouvoir s'en sortir face à de tels duettistes?

 

D'abord, grâce au soutien involontaire des locataires de l'hôtel Majestic. Herr Blanke, leur enquêteur, disqualifie le commissaire-gérant de Vichy: «Georges Madoux a été congédié des Parfums Chanel le 31 décembre 1931 pour prélèvements injustifiés dans la caisse.» Ensuite, Rodolphe Frey, l'administrateur français nommé pour faire la lumière sur la maison Wertheimer Frères, écrit: «Je peux conclure, en toute bonne foi, que la parfumerie Bourjois est passée en des mains aryennes d'une façon légale et correcte. Et qu'aucun grief ne peut être formulé contre M. Amiot.» Il accompagne ce jugement d'un argument massue: «On ne voit pas très bien comment M. Amiot chercherait à sauvegarder les intérêts des frères Wertheimer, alors qu'il s'est associé avec la société Junkers Flugzeug- und Motorenwerke pour la construction de 370 avions, cette première commande représentant 1,2 milliard de francs…» C'est sûr. Enfin, un prisonnier de guerre ne va pas tarder à sortir de son Oflag X B près de Hanovre pour rentrer en France, afin de reprendre en main Bourjois. C'est Robert de Gay de Nexon. Son pedigree - chez ces gens-là, on manie la croix et l'épée depuis le haut Moyen Age - est difficilement discutable. Et, en prime, son demi-frère, le baron Maurice, est le tendre époux de la tante de Coco. Mademoiselle est obligée de rendre les armes.

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New York.
1942. Lancement du parfum Courage fabriqué à Hoboken (New Jersey).

 

Répit de courte durée. Dès le 5 février 1942, la presse antisémite se réveille. Dans L'Appel, sous le pseudonyme de La Cigogne, un chroniqueur constate: «M. Amiot peut se dispenser de travailler en tant qu'industriel de l'aéronautique, car il a trouvé un emploi peut-être plus rémunérateur encore, qui consiste à protéger et à sauver les intérêts des juifs.» Le Pilori enchaîne sous la plume de Jacques Roux: «Il est bon d'aryaniser les affaires juives, mais encore faut-il que cette aryanisation ne soit pas une simple farce.» La gangrène fait son œuvre. A plusieurs reprises, Félix doit se justifier auprès des services de la Gestapo, rue des Saussaies. Et, par un dimanche de septembre, il sera même convoqué au quartier général du 84, avenue Foch. Six heures d'interrogatoires. «Entre deux, souligne-t-il, je me trouvais dans une pièce avec vue sur l'appartement de Pierre Wertheimer. Je voyais le balcon où Pierre, Paul et moi nous nous étions dit adieu.» Ce dimanche, il aura la peur de sa vie, mais, encore une fois, ce diable de Félix leur fait avaler n'importe quoi.


Au même instant, Henri de Tayrac, administrateur provisoire, met à l'encan - avec succès - les hôtels particuliers de Paul et de Pierre. Il fait de même - mais en vain - avec les propriétés de Maisons-Laffitte et de Vaucresson. Dans le Médoc, le château de Bessan est également à vendre, mais un hôpital militaire allemand s'y installera. Dans l'Orne, le haras de Saint-Léonard-des-Parcs est protégé par un ami: François de Brignac. Grâce à sa mauvaise volonté exemplaire à l'égard de Vichy, il empêche le vol des chevaux. Pendant la guerre, les pur-sang de Pierre Wertheimer pourront même courir sous les couleurs - casaque grise, brassards rouges et toque grise - de Robert de Nexon, qui gère son écurie. En décembre 1942, le crack Epinard est mort paisiblement à Saint-Léonard. Son décès donne lieu à des trémolos. Radio Vichy rapporte: «Il avait été volé au moment de l'invasion allemande. Il a été retrouvé à Chartres, en train de tirer une charrette.» C'est largement exagéré, mais c'est beau comme du théâtre grec.


Il n'y a pas que les chevaux que l'on enterre. De Paris à New York, c'est l'appel aux morts. Le 16 mars 1942, à son domicile de l'avenue Foch, Théophile Bader s'est éteint à l'âge de 78 ans. Depuis son attaque, en 1935, le père des Galeries Lafayette jouait davantage avec sa petite-fille Ginette, à Vaucresson. Mais, jusqu'au bout, l'ami et l'associé d'Ernest - et de ses fils Paul et Pierre - aura fourmillé d'idées. Avec lui s'achève une époque héroïque pour les Wertheimer. De l'autre côté de l'océan, le 16 juillet 1944, c'est leur cousin Jules Fribourg, l'ancien partenaire dans l'aventure aéronautique et patron de la Continentale des grains, qui, à 67 ans, trépasse à son tour. Quatre mois plus tôt, le fidèle Bernard M. Douglas, vice-président de Bourjois et de Chanel, a quitté la scène à 76 ans. Mais, cette année-là est surtout marquée par la disparition de Mathilde.
A 85 ans, la mère de Paul et Pierre est partie rejoindre son Ernest.


Dès la Libération de Paris, les deux frères reçoivent un câble de l'état-major américain en France.
C'est signé Félix! Le général Bradley stationne chez lui, à la Boissière: «J'ai demandé à l'un de ses officiers de télégraphier à Pierre que tout allait bien. Que tout était sauvé. Et je reçus une réponse empreinte de joie…»

 

 

 


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